
Retour sur les enquêtes auprès des agriculteurs et des conseillers agricoles
En 2018 et 2019, deux enquêtes ont eu lieu au sein de l’IUT Nancy-Brabois auprès d’agriculteurs et de conseillers agricoles. Ces enquêtes, qui s’inscrivent dans le projet ARENA, visaient à mesurer leurs niveaux de connaissances de la régulation et connaître leurs attentes en termes d’outils sur la régulation naturelle. Pour plus de détails sur le déroulé des enquêtes vous pouvez retrouver les deux articles précédemment publiés sur ce blog pour l’enquête 2018 et pour l’enquête 2019. Cet article a pour but de vous en présenter les principaux résultats.
Connaissances des régulations naturelles
Tout d’abord, la plupart des agriculteurs et des conseillers agricoles estiment avoir un niveau de connaissances moyen, voire insuffisant pour certains, sur la régulation naturelle. Cependant cette régulation naturelle est considérée comme importante pour la majorité d’entre eux. Les auxiliaires les plus cités sont les coccinelles et les carabes ainsi que les oiseaux, les araignées, et les hyménoptères parasitoïdes. En ce qui concerne les pratiques culturales et aménagements paysagers qui influencent la présence des auxiliaires, les éléments les plus souvent cités sont les infrastructures agroécologiques et l’usage réduit des produits phytosanitaires.
Prise d’information et prise en compte de la régulation naturelle
Les origines des informations sur la régulation naturelle sont multiples. Pour traiter contre les ravageurs, plus de la moitié des agriculteurs s’intéressent aux dégâts et symptômes sur leurs parcelles mais aussi à la présence des ravageurs avant même l’apparition des premiers dégâts. Ils se basent également sur les indications des conseillers agricoles mais un peu plus de la moitié des agriculteurs estiment que le conseil et les sources d’informations actuelles sont peu efficaces. Les conseillers quant à eux utilisent d’autres moyens pour se renseigner sur la régulation naturelle : tours de plaines, sites internet, revues et magazines et enfin bulletins et abonnements. Pour observer les auxiliaires et ravageurs, les conseillers ont surtout recours aux observations visuelles et aux pièges tels que les cuvettes jaunes et les pots barber.
Mais la prise en compte de la régulation naturelle dans le conseil aux agriculteurs fait face à plusieurs difficultés telles que la difficulté de quantifier financièrement les coûts et les bénéfices de la régulation naturelle (cité par plus de 70% des conseillers), mais aussi le manque de preuves scientifiques de son efficacité et le manque d’informations. A noter également que les conseillers agricoles manquent de temps et de financement pour pouvoir au mieux la prendre en compte dans leurs conseils.
Outils souhaités par les agriculteurs et les conseillers
Enfin on a également voulu savoir dans ces enquêtes, les outils dont auraient besoin les conseillers et les agriculteurs. Il en ressort que pour les conseillers, les trois outils les plus demandés sont les références et les résultats scientifiques quantifiant la régulation biologique, des connaissances sur l’écologie des auxiliaires et enfin des outils de prévision du potentiel de régulation. Pour accéder à ces informations, les conseillers souhaitent des sites internet, un intervenant dans le cadre de conférence, réunions et formations et des applications mobiles.
Quant aux agriculteurs, ils souhaitent que les outils proposent des actions qui favorisent les auxiliaires de cultures, des informations sur les auxiliaires et leurs actions contre les ravageurs mais aussi qu’ils proposent un plan de lutte intégrée (chimique, culturale et biologique, curatif et préventif) adapté. Ils souhaitent également que les outils conseillent sur la surveillance des ravageurs en fonction de la culture, de la météo et des pratiques. Pour accéder aux outils les agriculteurs sont davantage attachés aux newsletters, et aux sites internet d’aide à la décision et ne souhaitent globalement pas avoir d’applications mobiles contrairement aux conseillers agricoles. Les agriculteurs sont motivés pour participer à des projets, réunions et formations sur la régulation biologique malgré le fait qu’ils sont une minorité à y avoir déjà participé.
Pour conclure, ces deux enquêtes seront prises en compte pour créer des outils spécifiques répondant au mieux à la demande des conseillers agricoles et des agriculteurs dans le cadre du projet ARENA.
Auteur : Judith Feniou – stagiaire EPLEFPA Quetigny-Plombière-lès-Dijon