
Comment choisir une méthode de suivi des pucerons et des auxiliaires volants?
La particularité du projet CasDAR ARENA est de réaliser en parallèle des suivis de populations de ravageurs et d’auxiliaires. L’idée principale développée est de mettre en évidence l’importance de la régulation biologique au champ. Cette démonstration pratique est importante afin d’identifier les facteurs la favorisant et pour à terme en profiter au mieux.
Pour des questions méthodologiques, il est souvent difficile de conclure que l’évolution d’un ravageur est bien sous la dépendance d’une régulation biologique d’un prédateur, d’un parasitoïde ou encore du cortège de l’ensemble de ces organismes. En effet, elle peut être également sous la dépendance d’autres facteurs tels que la température, le climat, le stade de la culture et des facteurs liés à la biologie du ravageur.
Méthodes de suivis
Pour cette synthèse , les sept parcelles retenues sont situées dans deux localités de la région Rhône-Alpes : Pusignan (69) et Thil (01). Les comparaisons présentées ont été faites au printemps 2018 et pendant 12 semaines (du 26/04/2018 au 10/07/2018).
Trois méthodes de suivis des auxiliaires et des pucerons ont été réalisées dans chaque parcelle et aux mêmes dates : 1) des observations visuelles de 100 plantes; 2) des prélèvements réalisés avec un aspirateur à moteur thermique pendant 2 min; 3) des piégeages à l’aide de cuvettes jaunes. Dans ce dernier cas, les pièges sont mis en place puis prélevés une semaine après, c’est-à-dire le jour des observations et des aspirations.
Pour cette comparaison, nous avons pu rassembler 115 observations visuelles, 102 aspirations et 92 piégeages à l’aide d’une cuvette jaune. Les protocoles détaillés sont disponibles à la demande.
Identification
En routine, nous nous sommes limités à identifier les 3 espèces de pucerons les plus importantes (Sitobion avenae, Metopolophium dirhodum et Rhopalosiphum padi) et leurs auxiliaires (syrphes, coccinelles, chrysopes, micro-hyménoptères parasitoïdes, anthocorides, mirides, nabides, araignées et opilions). Ponctuellement, des déterminations précises ont été réalisées pour vérifier que les organismes collectés étaient bien des ravageurs et des prédateurs ou des parasitoïdes.
Résultats
Pour toutes les dates et les prélèvements rassemblés, le graphique suivant (fig.1) présente les moyennes de pucerons et des auxiliaires observés ou capturés dans les parcelles de blé.
Figure 1. Comparaison des méthodes dans la parcelle de blé au printemps 2018. (Moyenne de pucerons et d’auxiliaires de toutes les dates par méthode).
D’après ces résultats, l’observation visuelle est la méthode qui relève le plus de pucerons, par contre les auxiliaires sont très peu représentés. En effet, ces derniers sont particulièrement mobiles et doivent échapper en partie à l’observateur. Les cuvettes jaunes mettent en évidence un bien plus grand nombre d’auxiliaires par contre les pucerons sont nettement moins bien représentés. En effet, nous n’y trouvons logiquement que des pucerons ailés.
L’aspiration est la seule méthode qui révèle aussi bien les pucerons et les auxiliaires. Néanmoins, les principaux auxiliaires collectés sont dans ce cas les micro hyménoptères parasitoïdes et les araignées. Les auxiliaires de plus grandes tailles sont nettement moins capturés du fait de la faible puissance de l’aspiration.
La figure suivante (fig.2) présente une autre manière d’analyser ces résultats.
Figure 2 : Proportion de pucerons et d’auxiliaires sur l’ensemble de données (Thil (01) et Pusignan (69)) par méthode au printemps 2018.
Les aspirations ont relevé 35% de pucerons et 65% d’auxiliaires, les cuvettes jaunes 28 % de pucerons et 72% d’auxiliaires et l’observation visuelle 92 % de pucerons et seulement 8 % d’auxiliaires.
La figure 3 a été réalisée pour comparer les différentes méthodes à l’automne et au printemps. Elle indique le pourcentage de chaque groupe d’espèces d’auxiliaires capturé et/ou observé.
Figure 3. Pourcentage des différents auxiliaires selon les méthodes au printemps 2018.
L’aspiration et la cuvette jaune sont les meilleures méthodes pour capturer les micro-hyménoptères. Par contre, les observations visuelles signalent bien la présence des insectes de grandes tailles comme les coccinelles ou les araignées.
Conclusion
Sur le plan pratique, les deux méthodes de prélèvement par aspiration et par piégeage sont plutôt réservées à des personnes assez spécialisées en entomologies à cause du temps nécessaire pour effectuer le tri des insectes. A ce jour nous pensons que l’observation visuelle est la méthode la plus facilement diffusable. Néanmoins, elle doit porter sur un nombre assez important de plantes. Nous sommes actuellement à la recherche d’une méthode pour observer de manière optimale le ratio entre les pucerons et les auxiliaires indiquant s’il y aura une régulation importante ou faible.
Auteur: – ACTA
Crédits photos: ACTA