
Les carabes: mieux connaître leur cycle de vie afin d’intégrer leur action dans le pilotage des cultures
Les carabes sont parmi les auxiliaires de cultures les plus connus, les plus présents et les plus diversifiés en milieu agricole. Quelques informations sur leur cycle de vie permettent de mieux anticiper leurs actions et la manière de les préserver.
Sous un climat tempéré, les carabes ont en général une seule génération par an. Les femelles peuvent pondre entre 30 et 600 œufs par an, qu’elles déposent dans de petites cavités du sol ou sur la végétation. Les larves émergent ensuite en quelques jours. Les carabes ont trois stades larvaires.
Les adultes ont, suivant les espèces, deux saisons de reproduction:
- La majorité des espèces (dont Poecilus cupreus et Anchomenus dorsalis, espèces très communes en grandes cultures) se reproduit au printemps. Ils hivernent ensuite sous forme adulte, émergent au printemps pour pondre. Les larves se développent au printemps et en été. Le développement des larves dure de 8 à 12 semaines.
- Quelques espèces émergent (dont Pterostichus melanarius et Pseudoophonus rufipes) en été, se reproduisent ensuite. Les larves se développent alors dans le sol l’hiver jusqu’au printemps suivant. Le développement larvaire peut durer jusqu’à 10 mois.
Les adultes sont en majorité des prédateurs opportunistes. Leur gamme de proies est très variée: limaces, escargots, pucerons, chrysomèles, taupins, charançons, cécidomyies… Ils sont principalement actifs de mai à septembre.
Les larves sont à 90% zoophages. Elles sont réputées pour être plus efficaces dans la lutte contre les ravageurs que les adultes. Elles vivent majoritairement dans le sol, alors que les adultes évoluent à la surface du sol ou parfois dans la végétation.
Pourquoi aménager les bordures de parcelles?
Les adultes sont connus pour être très mobiles. Ils se déplacent suivant leurs besoins.
Les adultes hivernent dans les bandes enherbées, les bosquets, les haies… Chaque espèce a ses propres exigences écologiques, ce qui montre la nécessité de diversifier les habitats à l’échelle de l’exploitation afin d’espérer accueillir un maximum d’espèces. La présence de haies et bosquets favorise par exemple la présence d’espèces forestières, connues pour être particulièrement voraces.
Au printemps, les carabes émergent majoritairement depuis ces bordures de parcelles (certaines espèces tolérantes face aux perturbations émergent depuis le centre des parcelles) pour ensuite aller recoloniser les espaces cultivés, à la recherche de nourriture. Ils peuvent parcourir jusqu’à 70m par jour. Ceci suggère la nécessité de contenir la taille des parcelles, et d’aménager leurs bordures afin de favoriser l’activité de ces petits coléoptères sur toute la surface de culture.
En période d’activité, les aménagements de bordures de parcelles peuvent servir de refuge, en cas de perturbation en parcelles. Ils recolonisent ensuite les parcelles plus rapidement.
Pourquoi raisonner les pratiques culturales?
Puisque les larves sont beaucoup moins mobiles que les adultes, elles sont beaucoup plus sensibles aux perturbations du sol et notamment à un labour profond.
Les adultes évoluant à la surface du sol, la couverture du sol et l’absence de perturbation mécanique du sol leur seront favorables. Enfin, ils sont sensibles aux traitements insecticides. Toutes les mesures prises pour éviter que le produit soit pulvérisé directement sur le sol permettront d’atténuer les effets.
– ARVALIS Institut du végétal