
Des auxiliaires sous surveillance rapprochée
Dans le cadre d’ARENA, les principales observations concernent les limaces et les pucerons de printemps et d’automne ainsi que leurs ennemis naturels respectifs. Leurs abondances sont évaluées selon les méthodes utilisées en routine pour des études sur les auxiliaires et les ravageurs des cultures (pots Barber, cuvettes jaunes, pièges à limaces, observations visuelles). Les données issues de ces suivis sont ensuite analysées pour rechercher des corrélations entre les dynamiques de développement des populations de ravageurs et celles de leurs auxiliaires. Ainsi, une diminution de la population de tel ravageur corrélée à la présence de tels auxiliaires suggère une action bénéfique de ces derniers. Ceci dit, ces suivis ne permettent pas d’observer directement l’interaction entre les ravageurs et leurs ennemis naturels.
C’est pourquoi, en plus de ces suivis, d’autres méthodes d’observation directe du phénomène de régulation sont testées dans ARENA. Ces méthodes étant, pour la plupart, récentes, les acteurs de la recherche et du développement n’ont pas encore le recul suffisant pour juger de leur efficacité et de la manière dont elles doivent être déployées, mais leur potentiel est très prometteur.
Une caméra pour observer les prédations en direct
Les cartes de prédation sont fréquemment utilisées depuis quelques années, notamment dans le réseau ARENA, pour mesurer l’activité de prédation des auxiliaires dans les parcelles. Une des limites de l’utilisation de ces cartes est qu’elles ne permettent pas d’identifier les organismes responsables de la prédation. Cette lacune peut être comblée par leur couplage à une caméra.
Dès 2018, nous avons testé un système de prise de vue sur la station expérimentale de Boigneville, afin de visualiser les ennemis naturels directement dans les parcelles et filmer leur activité de prédation. Le choix s’est porté sur le PiScope, un dispositif de prises de vue en rafale mis au point par Jean-Marc Teulé à l’Inra de Grignon.
Avant l’expérimentation au champ, qui aura lieu ce printemps, le dispositif a été testé durant l’été 2018 dans une parcelle de maïs de la station expérimentale de Boigneville. Depuis, le dispositif a été amélioré et l’objectif de la caméra changé afin d’augmenter la qualité des photos. Le but étant de pouvoir reconnaitre plus facilement les prédateurs passant sous la caméra, surtout ceux dont la taille est inférieure à 5mm.
Des analyses génétiques pour étudier le contenu stomacal des carabes
Les carabes sont très diversifiés et omniprésents dans les paysages agricoles. Ils mangent des ravageurs (pucerons, limaces, etc.) ou des graines d’adventice, mais aussi des organismes « utiles » tels que des vers de terre ou d’autres prédateurs, parfois aux dépens de la consommation des ravageurs. Il est donc indispensable de mieux comprendre le comportement alimentaire des carabes, afin de prédire leur rôle dans le fonctionnement de l’écosystème agricole. C’est pourquoi nous avons décidé d’explorer le contenu du système digestif des carabes de nos champs.
Depuis novembre, une expérimentation pilote est conduite sur 6 parcelles du réseau ARENA. Le protocole mis en place est rigoureux car la digestion dégrade les molécules d’ADN des proies et réduit donc très rapidement les chances de détection de ces dernières. Les auxiliaires sont donc prélevés vivants deux fois par jour, puis congelés immédiatement afin d’arrêter la digestion. A la fin des relevés, les échantillons vont être envoyés dans un laboratoire à Innsbruck en Autriche où les analyses génétiques seront réalisées.
A terme, ces deux méthodes innovantes devraient permettre d’améliorer les connaissances sur la régulation naturelle des ravageurs par les auxiliaires et sa quantification.
– ARVALIS Institut du végétal